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Partir
Ce n'était pas non plus une question de vérité, parce qu'il savait bien que la vérité était un cœur éteint de volcan toujours en passe de ressurgir brusquement. C'était, précisait-il, c'était en fait tout autre chose. Ce quelque chose d'effrayant, cette part de terreur qui nous dévorait jour après jour, c'était, selon lui, comme la quête d'une véritable identité. L'identité originelle de chaque être se concentrait dans ce réduit terrifié, glacé. C'est de là que tout devait véritablement commencer, s'initier. Tous les autres départs, des faux départs...
La vérité allait toujours dans les endroits les plus infréquentables de la terre chercher sa revendication, son statut de Grande Vérité, irrévocable et inexpugnable. Mais elle était incapable de se fixer en un lieu stable, elle demeurait toujours en départ, en continuel voyage. Sa demeure était l'errance, l'exil perpétuel. Et tous les êtres de cette maudite terre, de ce ciel d'enfer portaient en eux, dans leurs chemins maladroits et sauvages, toute la vengeance de ce ciel et de cette terre jaloux de leurs secrets. Il disait aussi qu'il ne fallait pas l'écouter. A trop vouloir chercher la vérité on finissait toujours par dire des sottises. Et les plus grands sots de la terre étaient parfois les plus intelligents. La pensée comme les corps avait son propre infini limité, une limite au delà de laquelle tout se désarticulait et cessait de fonctionner.
Parce que la pensée fonctionnait, oui, elle fonctionnait comme une machine qui avait ses propres lois, sa mécanique bien affûtée, et toutes ses fonctions étaient destinées, déterminées à un seul usage. Mais on avait perdu le sens de cet usage, ou bien il n'y avait peut être aucun sens à cette mécanique. La pensée était peut être une invention d'aucune utilité et tout notre malheur viendrait de cet entêtement à lui donner du sens, vérité, quand il n'y avait là rien à comprendre.
Là haut, dans ces montagnes il fuyait le vivant, chaque pas l'exilait plus totalement, inexorablement.
Partir.
Partir loin.
Partir très loin
Partir très, très loin.
Mais partir.
Il était entièrement fuite, dépense, fuite et dépense de lui-même.
Je me souviens disait-il... Non, il ne voulait plus se souvenir. On achetait aussi notre esclavage en exploitant les mines intarissables de la nostalgie.
Autrefois, le monde voulait faire de moi un bon citoyen. Un citoyen toutou, un citoyen chien, chien de la république. Les</personname /> ossuaires de nos existences misérables d'esclaves s'échangeaient contre un salaire. Il fallait travailler pour des imbéciles cinq jours sur sept à raison de huit heures par jour. Des sommes d'heures abrutissantes à exercer un métier d'imbécile, à produire des tonnes d'imbécillités pour d'autres millions d'imbéciles.
A la fin, c'étaient des immenses tas absurdes de stupidités, absurdes de vides et de néants. Une vie anéantie comme des millions et des milliards d'autres vies anéanties, étouffées sous le poids d'absolues stupidités. Ce monde était stupide et il se voulait productif, toujours plus productif. Il produisait du malheur et de l'enfer à chaque heure nouvelle.
Monde effrayant de stupidité et de mensonge.
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Commentaires
Hésite pô.
Passque ça commence à manquer. Bien beau blogg, by the way. Félicitations et Hommages Against.Portes
Aux frontières de l'invisible on se demande si ce monde aurait une alternative. La vérité est ailleurs...4SouvenirMardi 13 Décembre 2005 à 10:01monde
monde stupide monde cupide monde d'artifice baiser de judas vanité et ton édifice souille le de tes pastschok
Des post chiants ? Je ne fais que ça et je ne sais comment me défaire de cette manie; Est-ce grave docteur ?8inesMercredi 14 Décembre 2005 à 13:549inesMercredi 14 Décembre 2005 à 13:57ce texte
me rappelle un autre que j'avais écrit ya six ans ou plus..la ressemblance est frappante ...et je me dis c'est normal que je me sens bien ici meme avec ce fond noir (et dieu sait combien et pourquoi j'ai peur du noir)...car ton univers ne m'est pas étranger car tes blessures ne sont pas indifférentes aux miennes...MERCIinès
Tu sais, le drame de nos existences, le premier drame, c'est de se vouloir différents, quand nous ne sommes que la répétition différenciée de chacun d'entre nous. Nos mondes noirs, tristes, décomposés et désarticulés ont les mêmes origines. Ce sont nos excès de solitudes qui parfois nous révèlent à l'autre brusquement, quand cet autre se trouve soudainement partager notre noirceur. Et la couleur commence par le mélange de nos noirceurs...
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ça y est, ça me reprend, j'ai envie d'écrire un post chiant!