• Autour de Roger Caillois

    Palamède est célèbre pour son différend avec Ulysse.

    On attribue au fils de Nauplios et de Clyméné l'invention des nombres, l'usage de la monnaie, le calcul de la durée des mois d'après le cours des astres.

    Palamède aurait aussi imaginé le jeu de dames, celui des dés et celui des osselets...

    Pourquoi joue-t-on ?

    Pour se mesurer à autrui ; pour fuir l'ennui ; par goût du déguisement ; afin de se donner le bonheur du vertige...

    Jouer est une conduite apparemment paradoxale puisqu'elle substitue aux contraintes de la vie ordinaire d'autres contraintes, bien que choisies celles-ci.

    Il s'agit d'une action libre, fictive, générant un espace-temps spécifique, réglée, incertaine dans son déroulement et résolument improductive.

    Dans « Les jeux et les hommes » chez gallimard, ouvrage qui fait toujours référence, Roger Caillois ramenait l'inépuisable variété des jeux à un petit nombre d'attitudes existentielles, à de « puissants instincts » qui en seraient comme les sources dissimulées.

    Se fondant sur les analyses de Johan Huizinga (Homo Ludens) pour qui le jeu génère la culture, le cofondateur du Collège de Sociologie proposait une typologie des intérêts psychologiques poussant l'homme à adopter telle ou telle activité ludique de préférence à telle autre :

    -l'ambition de triompher grâce au seul mérite dans une compétition réglée (agôn) ;

    -la démission de la volonté au profit d'une attente anxieuse et passive d'un arrêt du sort (alea);

    -le goût de revêtir une personnalité étrangère (mimicry);

    -la poursuite du vertige (ilinx).

    D'où la lutte et les échecs, l'esprit de combinaison, les dés, le goût du travestissement et du théâtre, la volupté du manège...

    D'où également la réprobation du métaphysicien rationaliste qui ne voit là qu'énergie dissipée, temps perdu, transgression du "sérieux de l'existence"; qui ne tolère le jeu qu'à la manière d'un complément de l'activité socialement utile et laborieuse, comme loisir et distraction, comme appoint de l'éducation ; et qui méprise habituellement ces grandes constantes de la conduite humaine. A la différence d'un Héraclite et d'un Nietzsche considérant le Ludus comme essence de l'existence...


  • Commentaires

    1
    Jeudi 5 Janvier 2006 à 08:41
    Pourquoi joue t-on ?
    Pour se mesurer à autrui comme il est dit dans ton post, pour la lutte, pour le risque, pour le frisson, pour la représentation, pour la singerie et pour certains, viser le triomphe. "Si un diable jouait avec vous, il ne se pourrait feindre, il vous ferait voir ses cornes. Mais qu'est-ce que jouer ? C 'est se délecter sans penser en mal."
    2
    Jeudi 5 Janvier 2006 à 13:59
    News
    Juste, il y a une certaine délectation à jouir de la défaite de "l'autre" dans le jeu. Le jeu pour oser le risque d'affronter "l'autre" et en cas de victoire pouvoir s'en délecter sans que cela n'ait des conséquences irrémédiables...
    3
    natalie vdz
    Mardi 7 Février 2006 à 12:34
    le monde, jeu àl'échelle des dieux?
    l'on pourrait croire, sans vouloir pessimisé la chose, que le monde est une sorte de grand terrain de jeu. en effet notre société n'est-elle pas organisée selon des règles et des principes de la même manière qu'un jeu? J'ai eu un trés grand plaisir à lire roger caillois et encore plus à lire johan hinzinga (homo ludens) - essai sur la fonction social du jeu- et je ne peux que vous conseiller ce merveilleux auteur. l'on en vient à se demandé si la société à vraiment créée les jeux dans le but de se divertir, ou si ce n'est pas plustôt le dévéloppement des jeux a travers les âges qui a favorisé le fonctionnement de notre société. en tout cas des livres merveilleux qui nous font voir la vie autrement bonne lecture n'hésitez pas à me faire part de vos réflexions, et si par ailleurs vous vous interressé également au sujet et que vous connaissez d'autre auteurs ou artistes ayant travaillé sur le sujet je suis toute ouï. merci d'avance
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :