• "J'ai besoin d'un sujet très humain : de vie, d'amour, de souffrances, de contacts personnels"
    disait Cortazar à Alain Sicard, professeur de l'Université de Poitiers, ami de Julio qui l'interviewait pour la revue Drailles en 1979.

    Une oeuvre nourrie de vie et d'amour. Une vie saignante de souffrance et d'agonie. Un monde à dévorer...


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  • Juan Nepomuceno Carlos Pérez Rulfo Vizcaíno est né à Sayula, Jalisco (Mexique), le 16 mai 1917. 
    Un de ses romans "Pedro Paramo" est comme la quête profonde d'une vie dans un monde ossuaire.
    Juan Preciado, sur son âne, part à la recherche de son père. Il rencontre des fantômes qui restituent peu à peu la personnalité tyrannique de son père, Pedro Paramo.
    Ce récit est une plongée dans l'imagination populaire mexicaine où la mort a tant d'importance. Atmosphère d'un Mexique exsangue de misère...
    Autre roman bouleversant : "le llano en flammes". Série de nouvelles qui façonnent une à une l'univers populaire d'un mexique qui saigne sous les révolutions de toutes sortes qui sortent de la terre du llano comme des mauvaises herbes increvables...


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  • « On ne doit pas confondre l'inachèvement d'un travail avec le scepticisme de son auteur. Je montre mon travail tout en sachant qu'il n'est qu'une partie de la vérité, et je le montrerais même en le sachant faux, parce que certaines erreurs sont des étapes vers la vérité. Je fais, dans une tache bien définie, le maximum de ce que je puis. » Robert Musil (1932)

    Dans l'épaisseur des forêts de l'intelligence, jaillit le trait lumineux, se diffuse la clarté salvatrice. Additions fulgurantes de l'esprit, mais, « Si la bêtise ne ressemblait pas à s'y méprendre au progrès, au talent, à l'espoir ou au perfectionnement, personne ne voudrait être bête. » (Robert Musil, 1931)

    Robert Musil (1880 - 1942) se nourrit inlassablement de ce climat viennois des années trente. Sa curiosité gourmande, inquiète, scrute ses contemporains.

    Multiforme, la bêtise est partout. Musil épingle celle dont personne ne se réclame, mais qui atteint tout le monde. Tour à tour philosophe, anthropologue, psychologue, étymologiste, Musil use de toutes ses ressources pour arriver au coeur du mal. Ainsi, du point de vue psychologique, la bêtise correspond aux situations de panique : de même que dans l'urgence nous multiplions inutilement les gestes, la bêtise engendre une sorte d'agitation vaine de l'esprit, menant finalement à la torpeur de l'intelligence. Du point de vue linguistique, on remarque que le mot « bête » s'emploie comme insulte pour désigner des cas très différents : souvent synonyme d'inadaptation, la bêtise s'enferme donc dans l'impasse de la relativité. Sera</personname /></personname /> « bête » le sportif devant un problème de mécanique, comme le mécanicien sur un stade...

    La bêtise nous échappe. Il faudrait être particulièrement bête pour vouloir la traquer coûte que coûte. La sagesse ne nous préserve en rien de la bêtise, puisqu'elle en a souvent l'apparence. Musil découvre même cette étrange forme de la bêtise, la bêtise « intelligente », dont il fouille scrupuleusement les origines obscures. Les seules parades que nous puissions opposer à l'universelle bêtise sont la modestie et l'humour. Deux qualités dont Musil fait preuve de manière très subtile.

    “Il n'est pas une seule pensée importante dont la bêtise ne sache aussitôt faire usage ; elle peut se mouvoir dans toutes les directions et prendre tous les costumes de la vérité. La</personname /></personname /> vérité, elle, n'a jamais qu'un seul vêtement, un seul chemin : elle est toujours handicapée. La bêtise dont il s'agit là n'est pas une maladie mentale ; ce n'en est pas moins la plus dangereuse des maladies de l'esprit, parce que c'est la vie même qu'elle menace.”

    Robert Musil (1880-1942) est l'auteur de nombreux essais, conférences et aphorismes, qui le montrent attentif aux mutations de la conscience moderne.


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  • Supplice chinois dit des « cent morceaux » Photographies rapportées par Louis Carpeaux du supplice de Fou-Tchou-Li – 10 avril 1905

    Ces photos ont fait dire à Georges Bataille : « Le jeune chinois livré au travail du bourreau... me communiquait sa douleur ou plutôt l'excès de sa douleur... pour ruiner en moi ce qui s'oppose à la ruine »

    La pensée de Bataille explorait les champs du non-savoir et comme Nietszche plus tôt, refusait ces savoirs trop poussiéreux et moralisateurs qui, au lieu d'éveiller à la vie ne cherchaient qu'à l'assommer partout où elle jaillissait, fusait. Il a été longtemps décrié comme le penseur de

    la pornographie. Son</personname /> œuvre associait l'érotisme et la mort, il explorait les savoirs maudits, interdits, il essayait de penser « autrement ».

    Autrement que l'universelle pensée qui sépare les savoirs en savoirs du bien et savoirs du mal.

    A lire l'excellente biographie de son œuvre : « Georges Bataille la mort à l'œuvre » de Michel Surya.

    Bien des horreurs d'aujourd'hui et d'hier à l'éclairage d'une pensée radicalement vivante et vivace, par delà le bien et le mal...

    Extrait des Larmes d'Eros de Georges Bataille.

    Le monde lié à l'image ouverte du supplicié photographié, dans le temps du supplice, à plusieurs reprises, à Pékin, est, à ma connaissance, le plus angoissant de ceux qui nous sont accessibles par des images que fixa la lumère. Le supplice figuré est celui des Cent Morceaux, réservé aux crimes les plus lourds. Un de ces clichés fut reproduit, en 1923 dans le Traité de psychologie de Georges Dumas. Mais l'auteur bien à tort, l'attribue à une date antérieure et en parle pour donner l'exemple de l'horripilation: les cheveux dressés sur la tête! Je me suis faire dire que pour prolonger le supplice, le condamné recevait une dose d'opium. Dumas insiste sur l'apparence extatique des traits de la victime. Il est bien entendu, je l'ajoute, qu'une indéniable apparence, sans doute, en partie du moins, liée à l'opium, ajoute à ce qu'a d'angoissant l'image photographique. Je possède depuis 1925 un de ces clichés ( photographie ci-contre ). Il m'a été donné par le Docteur Borel, l'un des premiers psychanalystes français. Ce cliché eut un rôle décisif dans ma vie. Je n'ai pas cessé d'être obsédé par cette image de la douleur, à la fois extatique (?) et intolérable. J'imagine le parti que, sans assister au supplice réel, dont il rêva, mais qui lui fut inaccessible, le marquis de Sade aurait tiré de son image: cette image, d'une manière ou de l'autre, il l'eût incessamment devant les yeux. Mais Sade aurait voulu le voir dans la solitude, au moins dans la solitude relative, sans laquelle l'issue extatique et volptueuse est inconcevable.


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  • YASUNARI KAWABATA

    Les Belles endormies

     Une oeuvre frémissante de beauté, où se confrontent et se juxtaposent au jeu changeant du clair obscur, la mort, la fatalité, la folie et l'érotisme. Kawabata nous emporte dans un Japon déchiré entre le respect des traditions et le basculement irréversible d'un monde ancien dans le modernisme.

    Dans une maison de prostitution les « belles endormies » attendent des vieillards impuissants. Roman du trouble et de la fascination.

    Eguchi que la mort guette vient se blottir contre ces geishas, au lit de rêves anciens, parcourus des femmes d'hier qui ont marqué sa vie...


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